Un tableau de Maitre

10 décembre 2010

Je crois que c'était en 1981, un soir de pluie et de brouillard. Je regardai le halo argenté que dessinait l'astre lunaire sur la brume. Une douce mélancolie m'envahissait, et je la laissait faire.

Tout à coup, le sonnerie du téléphone retentit. En 1981, les téléphones étaient gris et je vous assure que leur sonnerie n'avait rien de poétique. Je sorti donc de ma rêverie et décrochai le combiné.

Une femme me parla avec une certaine excitation, elle se présenta comme étant la fille du célèbre peintre pointilliste Paul Signac, Jacqueline, et me tint à peu près ce discours :

"Monsieur Mangin, j'ai entendu parler de vos recherches, venez chez moi et je vous montrerai quelque chose qui ne peut que vous intéresser"

Quelques jours plus tard, je me rendis dans son pavillon de banlieue. Vous savez, ce genre de petite maison grise qui semble habitée par les nains qui batifolent à ses pieds.

Elle m'apprit, tout d'abord, qu'elle était la fille de la bonne des parents du peintre. Celui-ci lui révéla qu'il était sont père peu avant de mourir. Mais il ne la reconnut pas officiellement, elle n'est donc pas une héritière légitime de l'immense production du célèbre peintre.

Il lui offrit cependant une oeuvre à laquelle il semblait particulièrement attaché et à propos de laquelle il prononça ces mots. Je cite Jacqueline (qui prit une voix chevrotante, certainement pour imiter son vieux père).

"Petite, je te confie ce tableau. je ne l'ai montré à personne d'autre qu'à toi et à ta mêre. Je l'ai peint un matin, après une cuite mémorable. J'ai longtemps pensé que l'alcool m'avait provoqué quelques hallucinations et que je n'avais jamais rencontré cet homme. Mais maintenant je sais que je l'ai bien croisé en cette nuit d'ivresse. Nous avons bu et parlé jusqu'à épuisement et puis il est parti en me parlant d'une mystérieuse trace qu'il devait laisser pour des amis"

Elle me confia également que son papa se disait envahi d'une intuition lui dictant de ne pas révéler cette oeuvre au public.

Jacqueline pris connaissance de mes recherches dans une interview que j'avais donné à la version française du journal "unexplained research". D'après elle, c'est en lisant cet article qu'elle ressenti un appel intérieur la poussant à prendre contact avec moi.

Voici une photo du tableau qui trône actuellement dans la cuisine de Jacqueline.